Les champs d’interventions institutionnelles

Les champs d’interventions institutionnelles

Le lieu social d’étude adéquat à cette recherche spécifique – celui de la dimension du « psychosocial », après que la psychanalyse eut reconnu la famille comme celui du « psychofamilial » – fut donc le lieu quotidien où nous passons une partie significative de notre vie sociale active, le lieu de travail ou de formation, ici nommé institution. Par là même furent posées les limites du champ sociopsychanalytique, qui concerne exclusivement cet espace social précis, en aucun cas celui de la société dans son ensemble.

D’autres limites doivent être soulignées au sein de ce champ spécifique. Deux situations au moins ne peuvent être abordées par cette méthode d’intervention :

– d’une part les lieux où s’exercent certaines modalités d’organisation du travail : ceux de micro-entreprises du type de l’artisanat ou des professions libérales, du fait que l’acte de travail y est réalisé en totalité par la même personne, qui s’approprie ainsi l’entier de son « actepouvoir »[1] sans être confrontée aux effets de la division du travail ; celui également de très petites coopératives ou organisations, dont notre expérience nous a montré que le nombre réduit de personnes (une à deux par catégories professionnelle ou hiérarchique) induisait un seul mode de fonctionnement possible, le mode « psychofamilial » : nous ne pouvons artificiellement y créer des groupes homogènes de métier ou des groupes hiérarchiques, unités de base de l’intervention sociopsychanalytique.

– d’autre part du fait de l’absence de cadre concret et de réunion régulière des personnes, nous n’avons jamais pu travailler avec des chômeurs, pourtant soumis à un conditionnement majeur de leur personnalité par cette réalité sociale. Et cela même si la place de cette réalité nous semble déterminante dans le fonctionnement social global, constatant là une autre des frontières de nos outils conceptuels et cliniques.

Néanmoins le cas particulier d’une intervention auprès de jeunes de la rue, présentée dans la troisième partie, montrera comment on peut, à certaines conditions, tenter d’instaurer un cadre minimum dans des situations limites.



[1] Concept fondamental développé dans « les idées et les concepts »